Littérature
Les grandes phases de la littérature brésilienne suivent de près celles de l'histoire du pays. Ainsi, la période coloniale est celle des styles baroque et arcadien. Les mouvements littéraires de la période nationale, à partir de l'indépendance (1822), privilégient les thèmes politiques et sociaux. Le romantisme correspond à la période de l'Empire, tandis que les mouvements parnassien et réaliste voient le jour dans les premières décennies de la République. Le tournant du siècle est marqué par le symbolisme. A partir des années 20, le mouvement moderniste anticipe les bouleversements politiques et sociaux du XXe siècle.
La littérature de la période coloniale
La plupart des grands écrivains de la période coloniale sont des prêtres, fascinés par la découverte de la nouvelle terre et de ses habitants. Parmi les écrivains les plus importants de cette époque, on peut citer, le père José de Anchieta (1534-1597) - poète et missionnaire -, le père Antônio Vieira (1608-1697), célèbre prêcheur dont les œuvres sont devenues des classiques, ou encore Gregório de Matos (1623-1696) que l'on connaît surtout pour ses satires, mais dont la poésie, teintée de mysticisme, est de grande qualité.
Certains poètes arcadiens, parmi lesquels, Claúdio Manuel da Costa (1729-1789), Basílio da Gama (1740-1795) et Tomás Gonzaga (1744-1810), se sont également illustrés pour leur engagement dans la Conspiration du Minas en faveur de l'indépendance du Brésil.
Le romantisme
Le transfert de la famille royale en 1808, a amené au Brésil l'esprit du mouvement romantique européen naissant : les écrivains brésiliens s'intéressent alors à la liberté individuelle, au subjectivisme et aux questions sociales. Après l'indépendance du Brésil, le mouvement romantique se singularise en exaltant la particularité des tropiques : Castro Alves (1847-1871), éminent poète de l'époque, décrit la vie des esclaves noirs et les activités urbaines, Gonçalves Dias (1823-1864), la vie et les coutumes des Indiens. Cette période a connu encore bien d'autres célèbres poètes : Alvares de Azevedo, Fagundes Varela, Capistrano de Abreu.
José de Alencar (1829-1877) est le plus grand romancier de l'époque. On lui doit le très célèbre Iracema (histoire d'une héroïne indienne) et le roman historique O Guarani. Son œuvre traite généralement de questions régionales, sociales et urbaines. Les romans de Joaquim Manuel de Macedo, auteur de A Moreninha, et d'Alfredo d'Escragolle Taunay, auteur de Inocência, sont encore très appréciés des lecteurs d'aujourd'hui.
L'école parnassienne
L'école parnassienne brésilienne se constitue en réaction aux excès du romantisme. L'œuvre de la " triade parnassienne " les poètes Olavo Bilac (18631918), Raimundo Correia (1860-1911) et Alberto de Oliveira (1859-1937) -, pénétrée de sensualisme tropical, efface toutes les références aux questions sociales, si présentes dans la période précédente.
Le réalisme
Machado de Assis (1839-1908), est considéré comme le plus grand écrivain brésilien du XIXe siècle. Ses œuvres, de caractère universel, relèvent aussi bien du romantisme que du réalisme.
Aluísio de Azevedo (poète et dramaturge) et Raul Pompéia, dont le roman O Ateneu (L'Athénée) est l'un des plus lus de la littérature brésilienne, sont les plus grands représentants du réalisme en tant que tel.
Euclides da Cunha (1866-1908) fournit d'excellentes descriptions des réalités sociales du Brésil du XIXe : Os Sertões (Hautes terres - la guerre des Canudos), qui raconte l'histoire d'une révolte dans le Nord-Est menée par un fanatique religieux, est son œuvre la plus célèbre.
La littérature brésilienne au XXe siècle
Au XXe siècle s'opère une véritable révolution artistique caractérisée par un sentiment de fierté nationale vis-à-vis du folklore et de l'histoire du Brésil. Le mouvement des modernistes brésiliens, également influencé par le cubisme, le dadaïsme et le surréalisme est résumé ainsi par le poète Menotti del Picchia :
Nous voulons de la lumière, de l'air, des ventilateurs, des avions, des
revendications ouvrières, de l'idéalisme, des moteurs, des cheminées
d'usine, du sang, de la vitesse et du rêve dans notre art.
Les représentants les plus célèbres de ce mouvement sont : Mário de Andrade (1893-1945) est l'auteur de poèmes et d'essais sur la littérature, l'art, la musique et le folklore brésilien ainsi que du célèbre roman Macunaíma (Macunaíma ou le Héros sans aucun caractère).
Oswald de Andrade (1890-1953) a écrit entre autres, une série de poèmes intitulés Pau-Brasil qui, avec humour et dans un langage simple, porte un jugement de valeur sur la culture brésilienne, les superstitions et la vie familiale.
Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) et Jorge de Lima (1895-1953), tous deux poétes, opèrent la transition entre les littératures classique et moderne. L'approche de ces écrivains est à la fois plus spontanée et plus achevée dans le style : Drummond, par exemple, n'hésite pas à employer des mots du quotidien et beaucoup d'ironie pour décrire les coutumes de son époque.
José Américo de Almeida (1887-1969) donne au nouveau roman brésilien l'aspect d'une critique sociale avec A Bagaceira, l'un des premiers romans sur les conditions de vie difficiles dans le Nord-Est.
Graciliano Ramos (1892-1953), José Lins do Rêgo (19011957), Rachel de Queiroz (1910-2003) et Jorge Amado (19122001), évoquent, par la suite, les problèmes et les difficultés de la vie dans le Nord-Est dont ils sont tous originaires.
Jorge Amado, dont l'œuvre se situe dans la seconde phase du modernisme (1930-1945), s'inspire du cadre régional (Etat de Bahia). Ses romans sont très utiles pour comprendre les réalités sociale et historique du Brésil.
João Guimarães Rosa (1908- 1967) est l'un des écrivains les plus innovants de ce siècle. Dans Grande Sertão : Veredas (Diadorim), son œuvre la plus connue, il recrée, par d'audacieuses combinaisons de mots et une syntaxe très libre, un langage véritablement original, proche de son modèle régional (le Minas Gerais).
Gilberto Freyre (1900-1987), fondateur de la nouvelle école de sociologie brésilienne, est l'auteur d'une étude pénétrante de la société brésilienne : Casa Grande e Senzala (Maîtres et esclaves : la formation de la société brésilienne).
Gerardo Mello Mourão (1917-), après le modernisme, renouvèle la diction et les thématiques de la poésie brésilienne. Ses poèmes épiques célèbrent les origines du pays et du peuple brésilien.
Vinícius de Moraes (1913-1980), dont l'œuvre poétique fait partie intégrante de la bossa nova, est aussi l'auteur d'une pièce : Orfeu da Conceição, d'où a été tiré le film Orfeu Negro (1959).
Augusto Frederico Schmidt (1906-1965) mêle vie quotidienne et poésie, ce qui donne à ces vers la simplicité d'une conversation.
Parmi les grands romanciers traduits en français, il faut citer Erico Veríssimo, Lygia Fagundes Telles, Clarice Lispector, Moacyr Scliar, Dalton Trevisan, Osman Lins, Rubem Fonseca, Adonias Filho, Herberto Sales, Dinah Silveira de Queiroz, Nélida Piñon, Raduan Nassar, Roberto Drummond, Autran Dourado, João Ubaldo Ribeiro, Carlos Heitor Cony, Sérgio Sant'Anna, Ignácio de Loyola Brandão.
Plus récemment, Fernando Moraes, Ana Miranda, Paulo Lins et Patrícia Melo ont remporté un véritable succès auprès des lecteurs. En poésie, Ferreira Gullar, Adelia Prado, Ivan Junqueira, Armando Freitas Filho, Marco Lucchesi, jouissent d'une grande reconnaissance du public.
Ouvrages traduits en français : cliquez ici
Littérature et culture - textes réunis sous la direction de Eliana Bueno-Ribeiro : cliquez ici
Source : Ambassade du Brésil en France
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