Os Sertões

Os Sertões est l’un des grands livres fondateurs de la littérature et de la pensée brésilienne. Étude géophysique, essai sociologique, anthropologique, historique, bible écologique, c’est une œuvre scientifique écrite comme une œuvre littéraire, scintillante construction intellectuelle structurée comme une épopée ou, si l’on veut, une anti-épopée d’un Brésil qui prend soudain une douloureuse conscience de son corps et de son identité.

À la fin du XIX° siècle, un illuminé, Antonio Mendes “ Conselheiro ” [le conseiller] parcourt le sertão de Bahia annonçant la fin prochaine. Avec ses fidèles, un extraordinaire ramassis de mystiques, de pauvres gens, d’anciens esclaves analphabètes, de criminels de tous bords, de prostituées, il crée la ville “ sainte ” de Canudos pour la plus grande gloire de Dieu. Le clergé est impuissant devant le nouveau prophète et le gouvernement de la toute jeune république craignant des menées séparatistes et monarchistes envoie une véritable armée pour anéantir la ville. Euclides da Cunha, âgé alors de vingt sept ans, participe à la campagne comme correspondant du journal Estado de São Paulo. Bien que positiviste convaincu, ennemi du fanatisme et de l’obscurantisme, il est très vite fasciné par le pays et par les gens qu’il découvre, ainsi que par le courage et la résolution de ces fanatiques désespérés qui seront massacrés jusqu’au dernier...
Euclides Rodrigues Pimenta da Cunha.
(Cantagalo, Rio de Janeiro, 1866 – Rio de Janeiro, RJ, 1909).
Ingénieur, formé dans une académie militaire impériale où ses idées républicaines lui valurent quelques séjours au cachot. En 1898, il assiste en qualité de correspondant de guerre à la campagne de Canudos dont il tire la matière de son premier livre : Os Sertões (1902). Par la suite il construit un pont sur le Rio Pardo à São Paulo, mène diverses expéditions scientifiques pour le compte du gouvernement et écrit quelques essais politiques, historiques et géographiques (Contrastes e confrontos, 1907 ; Peru versus Bolivia, 1907 ; Castro Alves e seu tempo, 1908 ; A margem da história, 1909). En 1909, membre de l’Académie brésilienne des lettres, titulaire d’une chaire de logique, il meurt assassiné par le jeune amant de sa femme, Dilermando de Assis.

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