TOUTE NUDITE SERA CHATIEE

Toute nudité sera châtiée

En juin 1965, Nelson Rodrigues achève son cycle créateur le plus fécond et fait représenter Toute nudité sera châtiée au Théâtre Serrador à Rio. Il y retrouve la complicité du metteur en scène Zbigniew Ziembiski avec qui il avait révolutionné le théâtre brésilien à la création de Robe de mariée en 1943. Nelson Rodrigues a intitulé sa pièce "obsession en trois actes". Ce qui s'empare des acteurs de Toute nudité... de façon répétée et incoercible, c'est le besoin de satisfaire leur libido. Toute nudité sera châtiée est une tragi-comédie familiale. C'est, par le développement toujours inattendu de son action, un mélodrame tragi-comique où ne se joue ni bon ni mauvais sentiment, une fiction amorale où l'inconscient se joue cruellement de tous, agit obstinément de telle façon "qu'entre l'homme et la femme ça ne marche pas". Prostituée, Geni a rencontré Herculano qui l'épouse et la loge dans une maison à lui. La pièce commence : Geni fait remettre à son mari une bande magnétique. Elle a enregistré avant son suicide ce qu'elle veut qu'Herculano entende par sa voix : le récit de son désir d'être aimée toujours humilié. C'est donc de la voix d'une défunte que naît le théâtre qui est pour nous joué en flash back. Quelque chose d'inhabituel agit sur le théâtre de Nelson Rodrigues, et Toute nudité... en est sans doute l'exemple le plus cru, à savoir que ce qui inspire l'action dramatique et l'amène jusqu'à sa résolution c'est le comportement sexuel jamais dissimulé ; et ceci dans une phrase de composition élémentaire, courte, sans ornement, sans image, sans métaphore, allant droit à son but, là où c'est “désagréable”. Donc jamais rien de baroque si ce n'est les voies qui conduisent à "l'obscur objet du désir". Alain Ollivier

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